De sudouest.frCes oiseaux ont trouvé en ville les conditions idéales à leur prolifération. Avec les riverains, en revanche, la cohabitation est parfois difficile. Actuellement, le goéland leucophée est en pleine période de nidification, laquelle a été retardée par un printemps trop frais. (photo thierry breton) Ceux qui n'ont pas la chance de partir cet été en bord de mer pourront se consoler en fermant les yeux. Avec un peu de chance (ou pas), un cri pourrait les faire voyager à moindres frais. Depuis une dizaine d'années, en effet, il n'est pas rare d'apercevoir en pleine ville des goélands, volatiles que l'on imaginerait plus volontiers marquer les chalutiers à la culotte à leur retour au port. En une décennie, en effet, l'espèce a fait son nid et une colonie s'est constituée.
Seules leurs pattes jaunes les différencient de leurs cousins argentés qui, eux, portent des bas roses. Les goélands leucophée, comme eux, vivent parfois en bord de mer mais se contentent largement d'un fleuve tel Garonne. « Ils ont été chassés des tours de Golfech, rappelle le biologiste Alain Dal Molin. Et ils ont trouvé à Agen les terrasses planes en gravillons qui leur rappellent les milieux qu'ils affectionnent pour se reproduire. »
Sa vie en terrasse
Ajoutez-y à cela le garde-manger que représente la décharge à ciel ouvert de Nicole, pas si loin à vol d'oiseau, et toutes les conditions sont réunies pour que cet opportuniste, charognard qui se nourrit également de proies vivantes, y trouve ses aises.
Mais la présence en ville de cet oiseau d'un bon kilo et dont l'envergure peut atteindre le mètre cinquante n'est pas sans poser quelques problèmes de voisinage. Ce laridé, en effet, a la fâcheuse tendance à « chanter » de jour, ce qui est plutôt agréable, comme de nuit.
« Il a une activité diurne ou nocturne, peu lui importe, confirme Alain Dal Molin. Et il fait des vocalises car c'est un oiseau grégaire qui veut maintenir la cohésion du groupe. » Clément, qui habite un appartement situé sous les toits d'un immeuble du vieux centre, avec vu plongeante sur une nichée, devra donc se faire une raison.
Une fiente sur le crâne
Jean-Pierre, quant à lui, habite dans la résidence Pontarique, de la rue du même nom. S'il s'accommode des cris provenant des toits de la proche résidence Molière, de La Poste voire de la tour Victor-Hugo, le fait que les goélands s'attaquent à l'antenne parabole de l'immeuble a nettement moins plu à ce passionné de sport. Heureusement, c'était il y a 15 jours et le Tour de France n'avait pas débuté. Pour lui, en tout cas, pas de doutes, les coupables sont bien ces satanés volatiles : « Seuls l'ascensoriste et moi avons les clefs de la terrasse… »
Le pelotari, voyant aussi un goéland venir trop souvent près de son balcon, a tenté de l'effaroucher. En vain : « Ils planent à 1, 5 m de nous et attaqueraient presque… Il n'y a pas de crainte réelle mais quand même… » Le bec à tête s'est finalement soldé par un lâcher de fientes…
Recensement
Les quelques dégâts recensés ci et là, les nuisances sonores ou olfactives et l'agressivité passagère des goélands remontent peu à peu jusqu'au bureau d'André Gounou, adjoint à la sécurité et à l'hygiène. « Actuellement ce n'est pas réellement problématique, le nombre de plaintes est limité. Mais à ce rythme, ça peut le devenir », indique l'élu pour qui les pigeons restent les oiseaux les plus gênants. De fait, un recensement des goélands leucophée doit être entrepris. L'espèce, protégée par arrêté ministériel de 2009 sur l'ensemble du territoire, est intouchable. Seul l'article L.411-2 du code de l'environnement prévoit des possibilités, très encadrées, de dérogations à ces interdictions.
La mairie n'envisage pas pour l'heure de solliciter un arrêté préfectoral. Mais à raison de deux naissances par couple et par an, la population qui ne connaît presque pas de prédateur, va continuer à croître en centre-ville. « Le vrai problème arrivera quand la décharge de Nicole fermera car il faudra bien qu'ils mangent… », prédit Alain Dal Molin.
Source : http://www.sudouest.fr/2012/07/14/l-instinct-gregaire-des-goelands-agace-parfois-769477-3603.php