De sudouest.frÉlus, chasseurs et éleveurs du village souletin s'insurgent contre un nouvel arrêté préfectoral qui vise à protéger ce rapace. Comme si la petite bête allait manger la grandeIl ne reste plus que 140 couples de gypaètes dans les Pyrénées. Un chiffre qui inquiète les associations de protection de l'environnement. (PHOTO « SAIAK ») Le village de Larrau est-il vraiment menacé par le gypaète barbu ? C'est ce qu'auraient pu conclure les participants de la réunion d'information organisée samedi soir dans ce village souletin de 200 habitants. Réunion qui a tout de même rassemblé 120 personnes. « En voulant protéger ce rapace majestueux, ils vont finir par tuer nos villages de montagne », résume le maire Sébastien Uthurriague. « Ils », ce sont les associations de défense de l'environnement et les services de l'État, accusés « de transformer les élus en acteurs téléguidés ou, pire, en simples spectateurs de leur territoire ».
Dans l'œil du viseur des élus, des chasseurs et des éleveurs du secteur : un nouvel arrêté préfectoral signé par Lionel Beffre le 30 octobre dernier qui interdit, du 1er novembre au 15 août, la circulation des véhicules à moteur, les travaux publics, l'écobuage ou l'utilisation des fusils. L'arrêté, qui vise à protéger le gypaète barbu, concerne une zone de 354 hectares, autour d'Holzarte et de sa fameuse passerelle. Le maire de Larrau parle de « gel de la zone ». Les associations écologistes préfèrent le terme de « réorganisation des activités dans une zone de protection ». Mais le problème va bien au-delà de cette guerre sémantique.
Trois couples au Pays basque
Si le préfet a tapé sur la table en signant cet arrêté, c'est pour protéger un habitat historique du gypaète barbu, espèce en voie de disparition. Voilà des années que la Ligue de protection des oiseaux (LPO) milite pour la préservation de ce rapace qui n'a plus nidifié au-dessus de Larrau depuis plusieurs saisons « en raison des troubles causés par les activités humaines ». Selon le dernier recensement, 140 couples de gypaètes sont présents dans le massif des Pyrénées actuellement. « Mais il n'en reste que trois au Pays basque et cela fait plusieurs saisons qu'ils n'arrivent plus à se reproduire », s'inquiète l'association de protection des rapaces Saiak qui ajoute : « Le problème, c'est que ces mesures écologiques ne sont pas populaires auprès des chasseurs. »
Une critique immédiatement balayée par le maire de Larrau : « Nous ne sommes pas contre la présence du gypaète. Au contraire, c'est grâce aux hommes et au pastoralisme qu'il existe encore dans nos montagnes. Ce que nous dénonçons, c'est la portée aveugle de cet arrêté qui va paralyser toutes les activités : pastoralisme, écobuage et chasse. La surfréquentation du site est mise en cause par les services de l'État. Mais il y avait beaucoup plus d'activités humaines il y a 20 ans et le gypaète était bien plus présent. »
Risque de sanctuarisation
La LPO admet qu'une convention de protection, comme cela existe du côté de Sainte-Engrâce, aurait été plus diplomatique : « Mais faute d'un accord avec les acteurs locaux, il fallait prendre une décision. » En effet, les négociations, qui durent depuis des années, ont fini dans un canyon. « Nous étions les seuls prêts à faire des concessions », regrette le maire de Larrau qui ne veut pas en rester là : un recours gracieux vient d'être adressé auprès du préfet.
Si la commune de Larrau n'obtient pas gain de cause, elle est prête à saisir le tribunal administratif : « On veut nous faire culpabiliser en brandissant le spectre de la disparition de ces rapaces. Mais les conséquences sont trop lourdes pour nos villages. La multiplication des réglementations (Natura 2000, zone ours) vont avoir pour conséquence de sanctuariser nos villages », conclut le maire. Reste à savoir maintenant si le couple de gypaète barbu reviendra installer son nid du côté d'Holzarte à l'automne prochain.
Source : http://www.sudouest.fr/2012/12/27/pourquoi-le-gypaete-fait-peur-au-village-de-larrau-919090-706.php