De cyberpresse.ca
(Québec) Il arrive de plus en plus souvent que des observations inusitées se présentent sous nos yeux. Des oiseaux dont on ne pourrait même pas soupçonner l'existence dans nos parages se posent là, devant nous, sous notre regard incrédule.
Le couple de cygnes siffleurs s'est installé pour l'hiver sur les eaux du lac Champlain. Le dernier membre du trio, le juvénile, profite lui aussi des douceurs de l'hiver.
Photo Adirondack Coast Visitors Bureau
Il n'est pas possible que tel ou tel oiseau soit dans ma cour, son habitat est tellement plus au sud que chez nous. Mais, il faut bien se rendre à l'évidence, ce phénomène est de plus en plus fréquent et on peut le relier en très grande partie aux changements climatiques.
Nous avons encore une fois une observation qui confirme ces grands changements dans le comportement des oiseaux et le choix de leur habitat, qu'il soit hivernal ou pour leur reproduction.
Cet hiver, trois cygnes siffleurs - cet oiseau que nos voisins américains appellent tundra swan - se laissent bercer par les vagues du lac Champlain, une observation inusitée.
Cet oiseau, le plus petit de la famille des cygnes, mais tout de même de taille impressionnante, niche en Arctique et en Alaska, mais durant l'hiver il descend sur les côtes est et ouest américaines. À l'Ouest, sa migration se fait jusqu'en Californie, et à l'Est, ça se passe en majeure partie dans l'océan Atlantique, en face du Maryland, plus précisément dans la baie de Chesapeake.
Ce territoire est tellement ancré dans ses moeurs que même durant les hivers les plus rigoureux, il ne cherche pas à aller plus au sud. Il s'installe sur la glace, la tête enfouie sous une aile, et là, il tente de survivre jusqu'au printemps. Avec un tel comportement, son taux de mortalité demeure très élevé.
Il y en a certains qui descendent jusque sur les côtes de la Caroline du Sud, mais pas une majorité.
Lac Champlain
Notre trio, deux adultes et un juvénile, a donc fait fi de la tradition, et c'est sur le lac Champlain qu'il a élu domicile, sur un territoire plus à l'Ouest que son aire hivernale normale. Ils ont été observés au Ausable Point State Park, à Peru, État de New York, juste au sud de Plattsburgh.
On attribue cette présence à l'hiver particulièrement doux qu'a connu cette région des États-Unis. On a établi des records de douceur hivernale.
Interviewé sur cette présence, Rich Merritt, directeur d'Audubon New York, signale que l'hiver qu'a connu cette région est plutôt désolant pour les gens qui s'adonnent aux sports d'hiver, mais ce fut prodigieux pour les ornithologues. D'ailleurs, la région du lac Champlain est reconnue pour la richesse de sa faune aviaire.
Le cygne siffleur
Cet oiseau forme son couple pour la vie. Sa saison d'accouplement coïncide avec la migration printanière et il niche au Nord fin mai, début juin. Chaque nichée comprend en moyenne quatre oeufs, que la femelle couve seule pendant que le mâle s'acharne à défendre le territoire, qui généralement couvre 2 km2. L'incubation dure 32 jours. Si ses oeufs sont détruits, le cygne siffleur n'entreprend pas de deuxième couvée.
Les changements climatiques et la pollution sont devenus ses pires ennemis. Il souffre de plus en plus de la détérioration de l'eau de la baie Chesapeake.
Une visite
Si vous avez l'intention de vous rendre dans ce secteur pour vous aussi admirer ces trois cygnes, vous pouvez vérifier auprès de l'Adirondack Coast Visitors Bureau, au numéro 518 563-1000.
Conférence au COQ
La prochaine conférence présentée par le Club des ornithologues de Québec (COQ) vous amènera dans les Pyrénées espagnoles. Le conférencier Géry van der Kelen, sylviculteur membre du COQ, vous fera découvrir ce milieu fait de vallées, de pentes et de sommets où un très grand nombre d'oiseaux vivent en permanence ou entre deux migrations. Cette région est considérée comme un des derniers refuges des rapaces d'Europe. Nécessairement, le propos du conférencier sera soutenu par de nombreuses illustrations et photos. Il fera même une présentation de photos tirées de ses archives qui datent d'une trentaine d'années. Comme d'habitude, la conférence a lieu au domaine de Maizerets, à 19h30. C'est au 2000, boulevard Montmorency à Québec. C'est le 16 mars, et le prix d'entrée est de 3 $ pour les membres et de 5 $ pour les non-membres. Pour les enfants de moins de 12 ans, c'est gratuit.