De ornithomedia.comDe ornithomedia.comSites sur la côte atlantique où des Faucons d'Eléonore ont été observés entre le 16 et le 25 août 2012. Le Faucon d'Éléonore (Falco eleonorae) est un rapace migrateur nichant en colonies sur des falaises et des îlots inhabités autour du bassin méditerranéen, dans les Canaries et localement sur la côte atlantique du Maroc. Il hiverne à Madagascar, dans les îles Mascareignes et le long des côtes d'Afrique orientale.
En France, c'est un visiteur rare mais régulier en mai-juin et en août-septembre dans le sud-est de la France, essentiellement le long du littoral méditerranéen.
Entre le 16 et le 25 août 2012, des observateurs ont eu la surprise d'observer quelques oiseaux le long du littoral atlantique, dans les départements des Landes et du Morbihan.
Ces données remarquables sont certainement à mettre en relation avec des mouvements intéressants observés depuis quelques années en mai-juillet dans le centre-ouest de l'Espagne.
Le Faucon d'Éléonore (Falco eleonorae)Faucon d'Eléonore (Falco eleonorae).
Source : image extraite d'une vidéo / SEO/Birdlife / La migración de las aves Longueur: 36-42 cm.
Envergure: 87-104 cm.
Faucon de taille moyenne, aux longues ailes proportionnellement étroites, à la longue queue et au corps assez élancé.
Il évoque un grand Faucon hobereau ou un mâle élancé de faucon pèlerin: il diffère de ces deux espèces par une plus longue queue.
Il existe deux formes de plumage. L'adulte de forme pâle à un plumage similaire à celui d'un jeune Faucon hobereau mais on note un contraste entre les couvertures sous-alaires très sombres et la base gris plus clair des rémiges. De plus, le dessous du corps est chamois-roux plus terne ou brun rouille. L'adulte de forme sombre est uniformément brun noirâtre foncé mais, comme la forme pâle, il existe un contraste sous les ailes.
Le juvénile est assez semblable à celui du Faucon hobereau: il en diffère par la silhouette, la taille et la base plus claire des rémiges (dessous), contrastant avec le bout des ailes et les couvertures alaires plus foncés. Dessous chamois soutenu, finement rayé de sombre.
Voix:
"kié-kié-kié-kié-kié" nasillard.
Un grand migrateurTrajets de 4 Faucons d'Eléonore suivis par satellite depuis l'île d'Andros (Grèce) depuis octobre 2009.
Carte : Ornithomedia.com d'après Ornithologiki.gr Le Faucon d'Éléonore niche très tard, au cours du mois de juillet, et les poussins naissent à partir de la fin août. Ce cycle tardif permet aux adultes de profiter du passage des passereaux migrateurs le long des côtes pour nourrir leurs poussins. Les oiseaux constituent en effet leurs proies principales pendant la période de reproduction, mais les faucons chassent également les chauves-souris et les insectes, ces derniers jouant un rôle très important en dehors de la saison de reproduction
Il hiverne à Madagascar, dans les îles Mascareignes (La Réunion, Maurice) et le long des côtes d'Afrique orientale.
Sa route migratoire était peu connue jusqu'à ce que l'on équipe des oiseaux grecs et espagnols de balises Argos afin de les suivre par satellite.
Des oiseaux nichant sur l'île grecque d'Andros ont par exemple rejoint Madagascar en passant par l'Égypte et l'Afrique orientale.
L'association SEO/Birdlife a de son côté équipé 14 oiseaux de balises dans les colonies des îles Columbretes et Baléares, ce qui a permis de récolter des données intéressantes entre 2008 et 2011 : les premiers oiseaux arrivent ainsi dans leurs colonies dès le mois d'avril, et les quittent entre octobre et novembre. Leur trajet post-nuptial était souvent direct, et certains individus n'hésitent pas à traverser le Sahara pour rejoindre l'Océan Indien. Ils effectuent ce trajet difficile et dangereux en 20 à 40 jours, couvrant ainsi de 150 à 250 km quotidiennement, de jour et comme de nuit !
Il est possible de suivre le trajet des 14 oiseaux espagnols sur le site web www.migraciondeaves.org/#migracion.php (sélectionnez "Halcón de Eleonor").
Trajets migratoires de Faucons d'Eléonore ibériques suivis par satellite.
Source : La migración de las aves Extrait d'un trajet migratoire d'un Faucon d'Eléonore de la colonie de Las Columbretes suivi par satellite.
Source : La migración de las aves Des observations sur le littoral atlantique français en août 2012 Les observations suivantes ont été publiées sur le site web collaboratif www.faune-aquitaine.org :
- 16/08/2012 : 1 Faucon d'Eléonore / Embouchure du courant d'Huchet / Moliets-et-Maa (Landes)
- 21/08/12 : 1 Faucon d'Eléonore / Marais de Moïsan / Messanges (Landes)
- 23 /08/2012 : 1 Faucon d'Eléonore / Embouchure du courant d'Huchet / Moliets-et-Maa (Landes)
- 25/08/12 : 2 Faucons d'Eléonore / Marais de Moïsan / Messanges (Landes).
Tous ces oiseaux semblaient chasser ou chercher des proies.
Et sur la liste de discussion Obsbzh, on apprend qu'un oiseau a également été vu le 25/08 au-dessus de l'étang du moulin de Pomper à Larmor-Baden (Morbihan).
Des données à mettre en relation avec des mouvements dans le centre -ouest de l'Espagne ?Mouvements de Faucons d'Eléonore en mai-juin dans le centre-ouest de l'Espagne. Des groupes sont vus en mai-juillet dans plusieurs provinces, dont celles (A) d'Ávila, (B) de Ségovie, (C) de Soria ou (D) de Burgos, ainsi que dans la communauté autonome de La Rioja (E).
Les oiseaux de la colonie de Las Columbretes font par exemple un aller-retour entre mai et juillet.
Points violet : colonies ibériques méditerranéennes. Point rouge : site où des faucons ont été vus en France en août 2012.
Carte : Ornithomedia.com Les Faucons d'Eléonore de passage en France sont presque essentiellement observés le long du littoral méditerranéen et le sud du Massif Central, entre avril et novembre, avec deux pics d'observation entre fin mai et début juin et entre début août et le début septembre.
Des oiseaux isolés ont certes déjà été notés dans les Pyrénées Orientales, le Finistère et le Nord, mais les observations de plusieurs oiseaux entre le 16 et le 25 août 2012 sont remarquables.
Il s'agit probablement d'oiseaux non nicheurs, l'espèce se reproduisant en juillet.
Ces données inhabituelles sont peut-être à mettre en relation avec les mouvements intéressants observés depuis quelques années en mai-juillet dans le centre-ouest de l'Espagne, notamment dans les provinces de Soria, de Burgos, d'Ávila et de Ségovie et dans la communauté autonome de La Rioja : des groupes de faucons, pouvant atteindre 40 individus, profitent des invasions de hannetons avant de rejoindre leurs colonies des Baléares ou des Columbretes.
Certains sites sont ainsi devenus des haltes régulières, comme les lagunes de Cantalejo (Ségovie), le secteur d'Almazán (Soria), les environs de Valladolid ou le Monastère de La Sierra (Burgos). Il est possible que les oiseaux vus en France soient issus de ces regroupements.
Quelques exemples d'observations :
- le 13 mai 2011, de 35 à 40 oiseaux ont été observés pendant une demi-heure par des membres du Grupo Ornitológico de La Rioja sur les hauteurs de Santurde (La Rioja) chassant les insectes au-dessus des prairies et des bois. Cette donnée était exceptionnelle pour La Rioja, la dernière donnée pour l'espèce concernant un immature en août dix ans plus tôt !
- Le 13 juin 2004, Michael Gregory et sa femme ont observé un probable oiseau perché dans un pin alors qu'ils se promenaient le long du chemin forestier de El Berrocal, près d'Arenas de San Pedro, dans la province d'Ávila : la zone avait été touchée par un incendie au cours de l'été 1999. Ils avaient aussi observé un oiseau de forme sombre en mai 1997 dans une prairie de Casavieja (Ávila).
- A la fin du mois de juin 2009, Juan Luis Hernandez a observé 13 faucons dans les environs de Matamala de Almazán (province de Soria), près de lagunes. Les responsables du blog Miradas Cantabricas y sont retournés au début du mois de juillet et ils ont dix subadultes de forme claire perchés sur des fils et chassant les hannetons en vol.
Durant trois années consécutives, des Faucons d'Éléonore ont été observés dans des montagnes proches d'Arenas de San Pedro, au sud de la Sierra de Gredos, dans la province d'Ávila. D'après les données recueillies, ces oiseaux provenaient d'une colonie des îles Baléares.
Un article intéressant a été publié en octobre 2004 dans le numéro 224 de la revue Quercus sur la colonie de Faucons d'Éléonore des îles Columbretes, au large de la côte de Castellón : les premiers oiseaux arrivent lors de la seconde semaine d'avril, mais la quasi-totalité des individus disparaissent en juin et au début du mois de juillet et ne reviennent qu'à la fin de ce mois pour nicher et profiter du passage des passereaux migrateurs.
Des oiseaux des Canaries effectuent aussi des incursions dans la péninsule ibérique entre mai et juillet : cinq oiseaux ont ainsi été vus en juillet 2008 dans la province de Valladolid (centre-ouest).
A noter que dans un article publié en 1967, Alfredo Noval évoque de "nombreuses données" dans la province de La Coruña, à Guetaria (Isla de San Antón), Mendizorrotz (Orio) et Igueldo.
Des oiseaux venus du sud-est de la France ?Les oiseaux vus sur le littoral atlantique en août 2012 pourraient également peut-être des migrateurs passés par le sud-est de la France (région Languedoc-Roussillon), l'espèce y étant régulière en petit nombre en août. Mais ces individus traversent généralement les Pyrénées au niveau de la Cerdagne (Pyérénes-orientales).
La croissance de la population espagnoleFaucon d'Eléonore (Falco eleonorae).
Source : image extraite d'une vidéo / SEO/Birdlife / La migración de las aves Le nombre croissant d'observations de Faucons d'Éléonore dans le centre-ouest de l'Espagne et en France est aussi à mettre en relation avec la croissance de la population espagnole de l'espèce.
L'espèce se reproduit dans les îles Canaries, dans les îles Columbretes (province de Castellón) et dans les Baléares.
Le pays accueille actuellement 8 % de la population européenne, soit environ 1 100 couples (836 couples dans les Baléares en 2006, 200 dans les Canaries en 2007 et 45 dans les Columbretes en 2006). Il y avait entre 685 et 734 couples en 2001 (dont 450 dans les Baléares). 254 couples avaient été recensés dans les Baléares en 1976 !
Dans les Canaries, la croissance a été encore plus spectaculaire : le nombre de couples y est passé de 61 en 1971 à 183-199 en 2000.
Dans les îles Columbretes, on comptait 35 couples en 2001 contre 17 en 1964.
Des colonies d'autres pays sont aussi en croissance, comme celle de l'archipel de Mogador au Maroc qui a atteint 407 couples en 2000 contre moins de 200 dans les années 1980 (Bergier, 1987). Les populations de Grèce, de Sardaigne et de Sicile progressent aussi localement.
Cette augmentation du nombre de couples est sûrement liée à une prospection plus exhaustive des sites potentiels de nidification, à la création de zones protégées, aux opérations de surveillance et de dératisation (par exemple dans le Parque nacional de Cabera et sur l'île de Dragonera).
Sources - Quercus (2007). Nuevas citas de halcón de Eleonor en el interior peninsular. http://www.quercus.es/noticia/1615/Art%C3%ADculos-de-fondo/nuevas-citas-halcon-eleonor-interior-peninsular.html
- Miradas Cantabricas (2009). Halcones de Eleonora en Soria. Date : 07/07. http://miradascantabricas.blogspot.fr/2009/07/el-halcon-de-eleonora-falco-eleonorae.html
- Jordi Muntaner Yangüela (2004). Halcón de Eleonora. Libro rojo de las aves de Espana.SEO/Birdlife. http://www.magrama.gob.es/gl/biodiversidad/temas/inventarios-nacionales/LR_completo_para_web_tcm10-164856.pdf#page=169
- La migración de las aves. Halcón de Eleonora. http://www.migraciondeaves.org/#datos_especie.php?open=1500
- Alfredo Noval (1967). Estudio de la Avifauna de Guipúzcoa. http://www.aranzadi-zientziak.org/fileadmin/docs/Munibe/1967005078.pdf
- Tetraxrioja (2011). El poder de la sugestion. Date : 1807. http://tetraxsison.blogspot.fr/2011_07_01_archive.html
- Biding Canarias (2008). Halcones de Eleonor canarios en Valladolid. http://blog.birdingcanarias.com/2008/07/halcones-de-eleonor-canarios-en.html
- Philippe J. Dubois et Pierre Yésou (1991). Les oiseaux rares en France. LPO. Editions Chabaud.
Source : http://www.ornithomedia.com/magazine/mag_art596_1.htm