Libye : le tragique destin des autruches de Kadhafi

De lepoint.fr

Abandonnés au milieu du désert par l'ancien Guide, les oiseaux sont à la merci des populations affamées de Syrte.

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Abandonnées par leur maître, les autruches de Muammar Kadhafi sont désormais à la merci des habitants affamés de Syrte. © Goran Tomasevic / Reuters

Si Kadhafi a tué son peuple avec des chars, comment pouvez-vous attendre de lui qu'il prenne soin de ses animaux ?" En s'emparant de la ville de Wadi Bai (nord-ouest), le commandant des nouvelles forces libyennes, Abu Bakr Essa, ne s'attendait pas à tomber sur un tel spectacle de désolation à l'intérieur de la ménagerie privée du dictateur déchu. Au milieu des chameaux, bovins et autres caprins, prisonniers du complexe de plusieurs hectares, ce sont près d'un millier d'autruches qui ont été découvertes, agonisant sous le soleil brûlant du désert libyen, révèle Reuters.

Sans eau ni nourriture depuis un mois, les oiseaux, qui auraient pourtant fait le bonheur des zoos du monde entier, ont été abandonnés par leur maître et ses employés, dès l'annonce de la chute de Tripoli à la fin du mois d'août. Trop faibles pour se lever, les ex-animaux de compagnie de Kadhafi gisent dans un enclos étouffant, au milieu d'une centaine de cadavres d'oiseaux qui n'ont pas été retrouvés à temps.

Steak d'autruche

À une poignée de kilomètres à l'est de là, les combats font rage dans la ville de Syrte, région d'origine du colonel libyen, dernier rempart à la victoire finale des nouvelles autorités du pays. Prise au piège des combats et des bombardements, la population civile n'est plus approvisionnée en eau, vivres, carburants et médicaments. Dans cette crise humanitaire, les pauvres autruches sont devenues malgré elles des mets de premier choix, que la plupart des restaurants parisiens s'arracheraient à prix d'or.

Mais à l'instar des civils de Benghazi, c'est de Misrata que sont arrivés leurs sauveurs. Bouleversés par la situation critique des animaux, des combattants du nouveau gouvernement libyen ont surgi pour empêcher un carnage animalier. Et non contents de les avoir sauvés, les vaillants soldats ont même veillé à ce que les oiseaux ne manquent désormais de rien. De Cyrénaïque (est), ils ont apporté des bottes de foin et des sacs de céréales. Tout droit arrivé de leur ville natale, un vétérinaire, Belgasem Al Sosi, a même été dépêché sur place. Celui-ci a injecté aux malades antibiotiques et vitamines dans l'espoir qu'elles puissent guérir sous la garde attendrie de bénévoles.

Réserve aux oeufs d'or

"Nous dissuadons les gens de les voler. Nous leur expliquons que ces animaux appartiennent à tous les Libyens, et qu'ils doivent obtenir une autorisation pour s'en emparer", explique Al Siddeiq Al Fitory, un habitant de Misrata, qui a tenu à s'occuper gratuitement de la réserve... Son acte n'est pas tout à fait désintéressé : car, si les autruches ne lui apportent rien, il n'en va pas de même du vaste troupeau de chameaux qui les accompagne. Parmi eux, des dromadaires blancs d'Arabie saoudite, très prisés pour leur lait.

Pour protéger les volatiles, Mohamad Al Madjoub s'est improvisé fermier alors qu'il est titulaire d'un doctorat en relations internationales. Il justifie cet engagement par sa volonté de forger une société libyenne libre : "Ils sont une partie du patrimoine libyen. Ils font partie de notre futur."

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bravo pour cette belle conclusion..enfin une histoire qui se termine bien!

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